Laboratoire#10
maquis
du 17. au 19. juin
proposé par virginie vaillant / daria lippi / juliette salmon
avec les artistes et chercheurs baptiste brisseault / silvia gallerano / olivier gerbeaud / estelle martinet / loïc touzé
et la présence de vidal blini / jean-damien collin / jean haderer
Il y a eu les années d'or (il paraît, c'est écrit dans les livres d'histoire et d'économie, et dans la floraison des festivals, des salles, des professions autour de la profession, et dans les mots et les spectacles de gens qui souvent ont fait qu'on s'est lancé, le cœur tout feux tout flammes). Il y a eu les années d'or. Et ?
Comment on continue ? Comment on partage le savoir qui est le nôtre ? Le savoir et le savoir-faire. Comment on se forme, comment on se (trans)forme ? Avec qui ? Comment on s'organise ? Comment on s'entraide ? Nous avons l’impression que toutes les compagnies, tous les artistes ont des difficultés à diffuser leur travail (création, recherche ou pédagogie) ailleurs que dans leur réseau, grand ou minuscule, local ou international. Ce n’est pas (plus) une question de qualité de la création ou de la recherche ou des outils pédagogiques. C’est un problème de réseau, totalement sclérosé, rigide, bouché, imperméable.
Nous voudrions poser la question du réseau. Peut-on créer un réseau autonome ? Qu'est-ce qu'un lieu théâtral ? Que peut on y faire ? Peut-on y faire comme on veut ? Faut-il avoir un lieu ? Comment s’y sentir libre ? Comment ne pas le faire sien ? Comment en partir ? De quoi les “artistes” ont-ils besoin, si on enlève tout ce qui sert leurs égos, leur carrière, leur besoin d’être aimés ?
Il s'agirait de se réunir, nous « artistes » qui tenons un lieu ou qui avons un projet pour un lieu. Il s'agirait de se réunir et de se poser ces questions là, tout d’abord. De découvrir les ressemblances et de chérir les différences. De dire nos réussites, nos échecs et nos impuissances. De se connaître. de mettre sur la table commune expériences, essais, compétences, fonctionnements.
Puis, s'il en émerge que ça vaut le coup, nous pourrions commencer à tisser la toile qui, de la marge à la marge, de “petit lieu décentré’ à “projet rural”, de trou du cul du monde à trou perdu, formerait comme un maquis. Un rhizome qui traverse le centre en restant à la périphérie.
Les situations de pénurie quand elle sont matérielles sont intéressantes, car si l'aspect quantitatif vous échappe, pour des questions de survie vous allez viser l'aspect qualitatif. Le problème des ressources quantitatives est qu'elles sont finies, dans le temps et dans les moyens. Il y a un gaspillage énergétique formidable dans tout système quantitatif. Tout système qualitatif intelligent peut lutter contre un système prioritairement quantitatif. Yves Delnord