Nous appliquons toutes et tous des protocoles. Vous voyez le goût qu'a une bonne idée quand elle surgit ? C'est l'hypothèse. Et après ? Vous savez toutes et tous que ce n'est que le début. Comment faire en sorte que cette idée se réalise ? Avec qui la partager, et comment ? Quelles missions pour quelles personnes ? Par quoi allons-nous commencer ? Et si ? Et si ? Oui / mais si et seulement si / alors peut-être / essayons. Le résultat est-il celui attendu ? Oui / non / les données ne sont pas claires. Alors il faut refaire, changer les conditions, modifier les règles du jeu. Vous sentez ? Ce goût du "fabriquer en équipe", ce goût du faire, de l'essai ? Protocole.
Actrice-chercheuse, chercheuse-actrice, elle vient partager son obsession : les protocoles. Ces ensembles de règles qui permettent d'agir, elle, elle en raffole. Neurosciences, éthologie, arts de la scène, elle vient raconter quelques-unes des recherches de la fabrique autonome des acteurs, à la première personne. Car elle, c'est Juliette Salmon, cheville ouvrière de la faa. depuis sa création. Mise en jeu par D' de Kabal, elle s'embarque dans un récit semé d'embûches. Est-ce que l'entraînement spécifique d'une actrice développe ses capacités empathiques ? Est-ce que l'être humain comme la plupart des mammifères et même des vertébrés, adopte un biais gauche face à une situation hostile et un biais droit face à une situation amicale ? Quels outils pour les actrices ? Une course contre la montre pour poser les questions et tenter d'y répondre, où l'enjeu est de retomber sur ses pattes. Musique, rythmique, entre conférence et performance, Si et seulement si invite à une plongée dans les méandres de la recherche transdisciplinaire. Une ode au travail par le travail, un manifeste pour une pratique différente du métier d'actrice.
Les actrices, contrairement aux danseuses, aux musiciennes, aux circassiennes, sont des généralistes. Leurs actions en scène ne sont pas spectaculaires, la plupart du temps ce sont des actions que tout le monde peut faire. Marcher, boire un verre, parler, … et parfois, parfois, elles dansent, jouent d'un instrument, chantent, réalisent une acrobatie, une action dangereuse. C'est-à-dire entraînent et développent une compétence spécifique pour une création donnée mais sans avoir le temps de devenir spécialistes de cette danse, cet instrument, ce chant, cette acrobatie ou action dangereuse.
Même si performée devant un public l'action la plus banale nécessite du travail car l'effet d'audience (le fait d'être regardée en train de faire une action par des congénères) modifie immanquablement l'action, la raidit, il n'en demeure pas moins que ces actions « de la vie », vous êtes toutes ici capables de les réaliser.
Mais revenons à nos moutons, enfin à notre hypothèse. Les actrices sont des généralistes donc, par opposition à spécialistes. Mais alors quelle serait la spécificité de l'actrice ?
Juliette Salmon est actrice. Elle joue dans des projets transdisciplinaires où l'écriture de plateau est centrale. Elle s'enthousiasme pour des pensées, travaux ou esthétiques et y reste fidèle. Ainsi elle s'engage à la fabrique autonome des acteurs où elle devient cheville ouvrière en menant divers projets artistiques. Exigeante, elle se refuse au confort et prône l'effort, en toute circonstance. Ambitieuse, elle pense l'envie d'apprendre comme une carte de visite. Pratiquante de sports collectifs et de musique symphonique, elle ne joue qu'en équipe. Elle joue, écrit et met en scène avec le Collectif Jabberwock ; rejoint le collectif La Lupa pour une création qui met en jeu les désirs d'actrice pour les figures monstrueuses de Jocaste, Antigone et Médée ; joue avec RESET-Cie Daria Lippi et coopère avec Daria Lippi sur de nombreux projet (jeu, son, mise en scène) ; elle découvre la caméra avec envie et s'y confronte régulièrement. Depuis 2021, elle fait partie de la R-team, équipe de recherche de la faa.